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Mois de septembre 2013 – La table du Christ Les premiers et les derniers (XXII C)
Quel est celui d’entre nous qui ne cherche pas par tous les moyens à réussir sa vie ? à réussir dans la vie ? Mais que mettons-nous derrière ces mots : réussir sa vie ?
S’agit-il de parvenir à tout prix aux premières places dans la société ou dans la profession ? de passer avant les autres par tous les moyens ? de gagner le plus d’argent possible, à forces d’intrigues, de passe-droits, ou tout simplement à force de travail ? La course à la présidence, la cours au « perchoir », l’attrait des honneurs et de la fortune, on rencontre cela dans tous les domaines…
Même chez les enfants ! C’est moi le premier ! C’est moi le plus fort ! C’est moi la plus belle ! Mon papa à moi, c’est lui qui a la plus belle voiture !
Heureux les riches ! Heureux ceux qui s’imposent ! Heureux ceux qui sont durs en affaires ! N’est-ce pas la mentalité de beaucoup de gens d’aujourd’hui ?
Aujourd’hui ?... Mais il en a toujours été ainsi, et déjà au temps du Christ !
C’était à l’occasion d’un repas de noces. Jésus voyait les gens se bousculer pour parvenir aux premières places et pour se faire valoir aux yeux des autres. Alors, il commence par dire : « Quand tu es invité à un repas de noces, ne va pas te mettre à la première place… »
C’est là un thème cher à Jésus, et qui revient tout au long de l’Evangile : les premiers qui deviennent les derniers et les derniers qui deviennent les premiers. Que veut-il nous dire ?
Aux yeux de Dieu, ce qui compte, ce qui fait la valeur d’un homme, ce ne sont pas les premières places qu’il a réussi à atteindre, ni les honneurs, les décorations, les titres, la fortune, le rang social… Aux yeux de Dieu, ce qui compte, ce n’est pas de faire partie des « gens bien » dans le sens qu’on donne habituellement à ce terme.
Aux yeux de Dieu, ce qui fait la valeur d’un homme, c’est d’abord son ouverture, c’est la qualité d’amour et de service dont il fait preuve à l’égard des autres.
Dans le royaume de Dieu, dans ce monde nouveau que Jésus est venu inaugurer ici-bas et qui doit se répandre peu à peu partout, les vrais « gens bien », ceux qui seront les premiers, ce sont les doux, les artisans de réconciliation et de paix, ceux qui ont un cœur pauvre, ceux qui ont faim et soif d’une justice meilleure pour tous, et même ceux qu’on critique, qu’on insulte ou qu’on persécute à cause de leur foi ou de leurs engagements chrétiens. Tel sont les vrais premiers, ceux qui découvrent le vrai bonheur et qui parviennent à la vraie réussite de leur vie.
Jésus nous suggère donc de modifier radicalement notre mentalité et notre façon de parler habituelle ; c’est à une véritable conversion qu’il nous appelle.
Notons bien qu’il ne reproche à personne de vouloir arriver aux premières places dans la société, dans l’entreprise ou dans la fonction publique, si l’on est doué pour cela. Mais il nous dit : Si tu veux être le premier, que ce soit pour mieux servir, pour mieux aimer, pour mieux mettre tous tes talents et tes capacités au service d’un monde plus juste et plus humain, pour bâtir cette civilisation d’amour et de paix qui sera comme un avant-goût du royaume de Dieu. Alors, apprends à te mettre au service des autres, humblement, gratuitement.
C’est ce que Jésus lui-même a fait : lui qui était Dieu, il n’a pas revendiqué son droit d’être traité à l’égal de Dieu. Lui qui était le premier, il s’est fait semblable aux hommes, il s’est comporté comme le plus ordinaire des hommes, se mettant au service des pauvres, des publicains, des lépreux, des malades et des pécheurs, les guérissant, les relevant, leur redonnant confiance, et choisissant parmi eux ses amis. C’est pourquoi, condamné à mort, crucifié entre deux malfaiteurs, mis à la dernière place, Dieu l’a élevé dans la gloire au-dessus de tout et lui a donné la première place en lui conférant le titre de Seigneur.
Saint Paul, qui rappelait cela aux premiers chrétiens, leur disait : « Comportez-vous de même, vous aussi ! »
C’est pour cela que Jésus ajoute dans l’Evangile : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, tes frères, tes parents ou de riches voisins, mais invite des pauvres, des estropiés, des aveugles… »
Autrement dit : sortez de votre petit monde habituel ! Faites comme moi ! Ne vous enfermez pas dans vos relations sociales toujours les mêmes !
N’est-ce pas là notre tendance instinctive ? On se retrouve toujours entre gens du même niveau social, culturel ou professionnel, entre gens « du même bord », comme on dit. « Qui se ressemble s’assemble », dit le proverbe. Ça ne veut pas dire qu’on rejette les autres ; simplement, on n’a guère d’occasions de les rencontrer ; ils sont d’un autre monde ; le phénomène de rejet n’a même pas besoin de jouer ; et si par hasard on les rencontre, on n’a rien à leur dire, ils nous sont étrangers. Jésus nous invite à briser ces cercles étroits dans lesquels nous nous enfermons.
Pourquoi ? Pour faire comme lui d’abord : il ne s’est pas enfermé dans un petit cercle social, il fréquentait tout le monde. Ensuite, parce que nous sommes tous frères et que, pour un chrétien, il ne peut pas y avoir d’étranger. Et enfin, chrétiens, comment pourrions-nous être sel de la terre et lumière du monde comme Jésus nous le demande si nous restons enfermés dans notre petit monde habituel ? C’est toute notre mission de chrétiens qui est en jeu.
Seigneur :
Quel service ? (XXIII C)
Dans le texte de l’Evangile, Dieu nous invite tout d’abord à faire la clarté en nous. Parce que le risque est grand de nous agiter, d’aller et de venir, de rencontrer l’un, d’interpeller l’autre, de courir de toute part, de lancer des ordres. Ensuite, le risque est grand de nous agiter, de courir au plus pressé, d’aller vers ce qui nous paraît le plus urgent, le plus important. Et enfin, le risque est grand d’agir selon nos vues à nous, selon notre jugement, selon notre appréciation et nos goûts. Aussi est-il important de laisser résonner en nous ces quelques phrases de la première lecture :
« Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? Qui aurait connu ta volonté si tu n’avais pas donné ta sagesse et envoyé ton Esprit Saint ? »
Si nous voulons vivre, militer, agir, au nom de notre foi, nous devons nous persuader que ce que nous faisons, ne vient pas que de nous et n’est pas que pour nous. Nous devons acquérir un esprit de service et non point de possession : ce que je fais, ce n’est pas que mon affaire, c’est surtout les « affaires » de dieu, de l’Eglise, de l’ensemble des chrétiens.
Les groupes où je suis animateur ou responsable, ce ne sont pas « mes » groupes : non, ce sont des groupes de chrétiens, des groupes d’Eglise. Parler de « mon » groupe n’est pas qu’un simple raccourci de la parole, car nulle parole n’est entièrement naïve ; cela indique de ma part quelque mentalité de possesseur.
Les responsabilités, les engagements que je prends ce ne sont pas « mes » responsabilités, « mes » engagements que je revendique devant qui voudrait me demander des comptes : non, ce sont d’abord des services que je rends pour accomplir la volonté de dieu, pour que se réalise son dessein sur le monde. Et je sais que ces services vont me grandir.
Il est indispensable de se rappeler la Parole de Dieu, de la méditer afin qu’elle pénètre mes pensées, mes sentiments. Cette parole, m’oblige à prendre du recul, elle m’oblige à mettre une distance entre moi et l’œuvre que j’accomplis. Entre moi et l’œuvre, il y a cette Parole qui m’interpelle, m’interroge sur mes intentions et mes motivations. Elle empêche que « mon » œuvre, « mes » activités, « mes » engagements ne soient que la simple projection de mon « moi », mais soient ou deviennent l’accomplissement de l’œuvre de Dieu.
La tentation, peut-être plus simplement la tendance, est grande, de me servir de ce que je fais, comme d’un piédestal pour me faire valoir ? Nous avons besoin d’être lucides pour nous-mêmes. Nous avons besoin que la Parole de Dieu nous débusque de nos naïvetés.
Ensuite, Dieu nous invite à nous asseoir. Donc nous faisons, nous reprenons, nous continuons notre travail, nos responsabilités, nos engagements, nous voulons que quelque chose de notre foi passe dans notre vie et se traduise en actes. Qu’allons-nous faire ? Que voulons-nous réaliser ? Comment allons-nous agir ?
Pour établir nos projets, pour fixer les buts à atteindre, avons-nous pris le temps de rechercher ce que Dieu attend de nous, car nous pouvons nous faire illusion ? Avons-nous pris le temps de rechercher comment, par notre travail, nos engagements, nos projets, nous pouvons réaliser ce que Dieu souhaite pour ces personnes avec qui nous sommes en relation ? Car ce qui est bon pour ces personnes, ce n’est pas forcément ce que nous, nous pensons. Elles sont à l’image de Dieu et pas à notre image !
Avons-nous pris le temps de déceler ce que nous recherchons afin que, dans tout ce que nous entreprenons, nous ne nous servions pas des personnes pour élargir notre pouvoir, notre influence, mais que nous servions les personnes ?
Il serait facile de paraphraser l’Evangile et de dire : Quel est celui qui établissant des projets pour l’année qui vient, ne commence pas pour s’asseoir pour vérifier si ce qu’il entreprend est inspiré de l’Esprit Saint et s’il pourra le célébrer en fin de l’année, sinon, sa conscience lui dirait : ce que tu as fait tu ne peux le présenter devant Dieu ; que vas-tu en faire maintenant ?
Demandons au Seigneur de nous garder attentifs à ce qu’il attend de nous, attentif à ce qu’il souhaite pour nous.
Prions le Seigneur :
Croix et gloire (XXIV C)
Lorsque le Christ fut crucifié, pendant l’occupation de la Palestine par les romains, la croix évoquait le supplice le plus infamant, réservé aux esclaves. Personne n’avait l’idée de l’exalter, encore moins de la déclarer glorieuse. L’apôtre Paul, reprenant une expression de l’époque déclare : « Maudit soit quiconque est pendu au gibet ! » (Gal 3, 13)
Mais, Jésus a retourné complètement cette vision païenne de la croix. Pour les chrétiens, la croix est devenue le rappel et le symbole du plus grand amour. Au sommet de sa passion et des ses souffrances, le Christ a vécu pleinement la loi d’amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur… et ton prochain comme toi-même ».
Voilà pourquoi la croix infamante des supplices romains, est devenue la croix glorieuse du monde chrétien. « L’heure est venue où le fils de l’homme doit être glorifié » (J 12, 23).
La croix est lourde de souffrances, mais encore plus lourde d’amour. Saint Paul dira : « Vous avez été rachetés à grand prix ». Et Saint Pierre déclare : « Sachez que ce n’est pas à prix d’or que vous avez été rachetés, mais par le sang précieux du Christ ».
Certes, le Christ n’a pas recherché la souffrance. Au contraire, il l’a soulagée partout où il l’a rencontrée. Jamais, Jésus n’a fait de la souffrance un but. Il a accueilli sa condamnation à mort, comme l’événement impossible à contourner, sous peine d’être infidèle à sa mission.
La croix du Christ fut très lourde à porter : souffrances en son corps, abandon des apôtres, comme étrangers à son drame moral. Plus encore, le Christ n’a-t-il pas connu la tentation de se croire abandonné et coupé de l’amour de son Père ? Quelle est donc l’explication de ce mystère du mal qui écrase l’homme ? Le Christ n’en a donné aucune. Il en a fait un grand geste d’amour.
Croix et gloire ! C’est le pile et face d’une même pièce de monnaie. En contemplant les souffrances du crucifié, n’oublions pas sa résurrection. Par cette fête de la croix glorieuse l’Eglise nous y invite. A l’exemple du Christ, nous aussi, transfigurons nos grandes épreuves, en croix glorieuses.
L’homme moderne voudrait bien vaincre la souffrance et éliminer la mort. Avec tous ses moyens techniques, il s’y emploie. Il n’y arrive pas. Dans un monde pécheurs peut-il y arriver un jour ? Beaucoup se révoltent ; ils refusent la croix comme indigne de Dieu et insupportable pour les hommes. Ils déclarent leur droit absolu à la santé, à la vie, au bonheur. Ainsi les hommes d’aujourd’hui se trouvent complètement démunis devant leurs croix.
Pourtant les croix des homes ne manquent pas. Les souffrances personnelles de tous les temps, auxquelles s’ajoutent celles qui surgissent à chaque époque, par exemple : les guerres fratricides avec des millions de morts, des milliers d’accidents, terrorisme, la plaie du chômage, insécurité tous azimuts, les prisonniers d’opinion politique, les tortures…
Mais sur tous les chemins de la souffrance humaine, on découvre la présence de nombreux chrétiens qui essaient de les transformer en chemins d’amour. Nous connaissons aussi des organisations mondiales et catholiques qui luttent avec toutes sortes des souffrances humaines.
C’est la croix qui nous a révélé jusqu’où pouvait aller l’amour du Christ pour les hommes. Amour sans limite. La croix est sa gloire. C’est l’attitude des chrétiens devant l’épreuve, et leur présence active et fraternelle aux grandes souffrances du monde qui révélera ce qu’il y a d’amour du Christ dans leurs cœurs. Quelle est notre part personnelle dans cet effort du peuple des baptisés ?
Tous les saints ont assumé héroïquement tel ou tel grand drame, telle ou telle grande misère de leur époque. Tous, d’une façon ou d’une autre ont témoigné que le don du meilleur de leur vie pour leurs frères, prenait sa source dans la croix du Christ.
Nous, que faisons-nous de la croix ? La rendons-nous glorieuse dans nos paroles et par nos actes ?
Seigneur :
Les affaires de Dieu (XXV C)
Des injustices, des jalousies, des envies, sont provoquées par le désir d’avoir plus de richesses. Les successions familiales drainent leur lot de mésententes, de querelles et de haines. Des relations familiales sont ainsi brisées pour de longues années, chacun voulant recevoir plus et se sentant lésé, parce que, la richesse, l’argent, sont devenus un but à atteindre.
S’il est vrai que la politique c’est l’art de répartir et d’utiliser au mieux, la richesse nationale, la pratique de cet art suscite des controverses, des passions, des polémiques. Chaque profession donne de bons arguments pour prouver qu’elle est lésée et devrait gagner plus. Mais pourquoi donc réclamer plus encore, lorsque nos moyens de vivre sont déjà supérieurs à d’autres ou nous n’avons pas des moyens pour le faire ? Qu’est-ce qui nous donne le désir de vouloir plus ?
Là aussi, peut-être, l’argent n’est plus un moyen mais un but. A moins qu’il ne devienne un moyen pour assure sa supériorité ! De fait, l’argent, la richesse donnent du pouvoir. Parce que je possède plus que d’autres, je suis marqué, car mes moyens de vivre me montrent aux regards… et puisque j’ai les moyens de ce que je veux, je vais devenir exigeant, je vais commander ce dont j’ai envie. Je me donne un personnage grâce au train de vie que je puis mener.
Peu à peu, l’acquisition de plus de richesse, devient un but qui supplante le respect des personnes, la justice perdra de sa rigueur… je trouverai toujours quelque raison pour justifier ce dont j’ai envie. C’est bien ce que dénonce vigoureusement le prophète Amos, dans la première lecture… un goût de l’argent qui foule aux pieds ceux qui sont trop pauvres pour pouvoir se faire respecter.
Ainsi donc, je me donne un personnage… peut-être même que je joue un personnage. Mais de ma personne, de mon « moi » réel, intime, tel qu’il se présente devant Dieu, qu’en est-il ? Là aussi l’argent est trompeur. Je trompe ceux qui me voient, pis encore, je me trompe moi-même.
Si l’argent pour moi, est trompeur, s’il fait de moi un homme de façade, s’il fausse mes relations, s’il est cause de querelles, ce n’est pas qu’il soit mauvais, mais assurément, c’est ma relation à l’argent, ma manière de considérer la richesse, qui sont fausses. Cela montre que je ne suis pas un homme libre : libre de le gagner, libre d’en dépenser, libre d’en garder, libre de l’utiliser.
Je suis peut-être devenu prisonnier de mon désir de le posséder… Il me préoccupe, il occupe mes pensées, mes soucis. Toutes mes décisions sont influencées par lui… c’est par rapport à lui que je choisis de faire ceci ou cela… Bref, je ne suis plus tout à fait maître de mes décisions… J’ai aliéné ma liberté.
Et ayant aliéné ma liberté, j’ai laissé se détériorer tout ce qui dépend d’elle : mes rapports avec ceux que je rencontre, ma manière d’exercer mes responsabilités, ma manière de concevoir le travail, ma conception des rapports entre les hommes. Peu à peu mon jugement est faussé.
Pour chacun de nous, il est urgent de reprendre sa liberté, et pour cela, de remettre l’argent, les richesses. A leur place. Car l’argent a une place : nous ne pouvons pas nous en passer. Il est un moyen, un moyen indispensable, mais il n’est qu’un moyen. A moi de le faire servir pour des buts qui en vaillent la peine, qui soient constructifs et non destructifs… A moi de voir, comment par son utilisation je pourrai apporter quelque bonheur, mais pas au détriment d’autres personnes.
Si nous voulons le faire servir pour le bien des personnes, nous y compris, nous n’avons que l’embarras du choix. Et nous devrons vérifier que nous nous en servons comme d’un moyen, car notre tentation de posséder, d’assurer notre supériorité, aura vite fait de le transformer en but que nous recherchons pour lui-même… Alors nous perdrions encore notre liberté.
Alors Jésus, je vois mieux pourquoi tu es intraitable par rapport à l’argent que nous devons à nos frères : c’est une question de justice et de vie pour eux ; ton prophète Amos a eu des colères mémorables. Je vois mieux pourquoi tu veux que nous mettions un brin d’humour par rapport aux biens que nous possédons. Au fond, tu as l’air de nous dire que l’argent c’est une affaire trop grave pour être prise au sérieux !
Seigneur :
Partage (XXVI C)
Quand l’Evangile se met à faire allusion à des situations sociales, quand il entre dans des applications pratiques, il fait mal. Il apparaît comme dénonciateur d’injustices intolérables. Il se met « à faire de la politique » comme disent certains. La fameuse parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare reste toujours d’actualité, demeure de plus en plus vraie. Une phrase comme celle-ci : « un grand abîme a été mis entre vous et nous » caractérise bien la situation de notre monde qui creuse sans cesse l’écart entre riches et pauvres.
Nos oreilles sont fatiguées d’entendre ces discours, tellement habituées à entendre dire que des millions d’enfants meurent chaque année de faim, et qu’un homme sur quatre souffre de malnutrition. A quoi bon rappeler que les richesses de la terre sont faites pour tous les hommes ? Devant l’ampleur de la situation : que faire ? Qu’y puis-je ? A qui la faute si le monde marche si mal ? Et cependant, l’Eglise tient à redire, à temps et contretemps, quelques exigences de l’Evangile qui lui paraissent indispensables. Elle se plaît à enfoncer le clou. L’Evangile précédente se terminait ainsi : « vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». Maintenant, elle ne fait que nous remettre devant les yeux la première des béatitudes : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés… Mais malheur à vous les riches ! Car vous avez votre consolation. Malheur à vous qui êtes repus maintenant ! Car vous aurez faim ».
L’Eglise tient à nous redire, à temps et à contretemps, la phrase qui jugera nos vies : « ce que tu auras fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que tu l’auras fait » (Mt 25, 40). Elle nous remet, sans cesse, sous les yeux la personne de Jésus : le Fils de Dieu qui s’est fait pauvre et qui veut être reconnu dans les pauvres au point de s’identifier avec. Dieu ne nous a pas créés comme des êtres solitaires ; Il a fait de nous des êtres sociaux et, à ce titre, nous avons vis à vis des autres des droits mais aussi des devoirs. C’est une question de justice mais il y va aussi de notre bonheur personnel.
Ceux qui étudient les sciences humaines ou qui soignent l’homme dans son comportement avec ses semblables nous disent que c’est une loi inscrite dans notre nature : il faut se perdre en se donnant pour se retrouver. Nous sommes ainsi faits. C’est notre marque de naissance. C’est inscrit dans chacune de nos cellules. C’est la loi de la vie.
C’est inscrit, également, à chaque page de l’Evangile. « Celui qui veut garder sa vie pour soi, la perdra », ou encore une autre phrase : « celui d’entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens, ne peut être mon disciple » (L 14, 32). Jésus m’invite toujours à risquer quelque chose de ma vie, hors de moi-même. Il m’aspire hors de moi-même. Dans cette parabole, il m’invite à ne pas rester fermé sur mes biens matériels. Sinon, je construis, déjà, ma propre prison ; j’édifie des murs qui me sépareront des autres. Ainsi, peu à peu, cohabitent deux mondes isolés par un abîme, hostiles et prêts à s’entredéchirer.
Déjà le prophète Amos ne cessait de dénoncer cette injustice entre le luxe des uns et la misère des autres. Son Dieu, pour lui qui n’est qu’un humble gardien de troupeau, son Dieu c’est la justice. C’est pour cela que ses écrits ont gardé tant d’actualité. Souvenons-nous que Jésus a aimé se représenter sous les traits du « bon pasteur ».
Ce que nous appelons : le péché : c’est garder pour soi, c’est retenir. Je consomme, je satisfais mes besoins, j’en profite, j’y trouve mon plaisir, j’accumule. Et me voilà enfermé. La consommation a fini par me fermer toute issue vers la communication. Mon bonheur dépond de mon attitude vis à vis de mon prochain. J’ai besoin de l’autre, pour être moi-même. Il m’est indispensable d’être reconnu et considéré par lui. Je suis fait de l’autre et je vais vers lui. C’est dans ce mouvement de va et vient, de réciprocité, que se construit ma personnalité.
Or, dans cette page d’Evangile, la réciprocité ne fonctionne pas et c’est le drame. Les manques sont tellement grands qu’un abîme finit par séparer les personnes. Tout cela parce que le riche n’a pas reconnu son frère Lazare, alors qu’il en était temps, alors qu’il l’avait devant la porte, tandis que les chiens, qui venaient lécher ses plaies, avaient eu ce geste de reconnaissance. A partir de ce moment-là, tout est faussé. Le monde ne peut plus être humain. C’est précisément ici que cet Evangile nous atteint. Ne faisons pas la sourde oreille ; nous avons tous quelque chose à changer en nous. Il y a quelque part, en nous, un endroit où le désir d’être autre est tenu captif. Je me suis laissé piéger par des biens matériels. La satisfaction répétitive de mes plaisirs habituels a tué mes autres solidarités. Je n’ai rien à donner et j’ai perdu le goût de penser aux autres. Me revient en mémoire l’avertissement de Jésus : « que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ».
Où sont ces prophètes, ces porte-parole des pauvres, qui nous transmettent la parole de Dieu ? Elles sont nombreuses les voix qu’il nous faudrait entendre. Et certains s’y engagent et nous font signe. Les associations de secours se multiplient et je reste dans mon coin. Si j’estime avoir un salaire correct, quand donc vais-je cesser d’exiger toujours plus ? Lazare est à nos portes et sur nos escaliers. Notre monde engendre ses nouvelles pauvretés, creuse les écarts, élimine certains. Il est une indifférence à l’égard de son prochain qu’un chrétien ne peut avoir ; c’est comme s’il reniait son baptême. Rappelons-nous, à ce sujet, l’autre parabole du « bon samaritain » ; c’est Jésus qui vient à nous sous les traits du pauvre. Et si, tout riches que nous sommes, c’était nous qui étions blessés sur le bord du chemin ? Il faut avoir fait l’expérience de quelqu’un qui se penche sur nous, qui nous aide et qui nous remet en route pour comprendre les autres. Mais, peut-être, n’avons-nous besoin de personne. Alors nous serions devenus riches.
Seigneur :
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